08 janvier 2024

Apprendre à intégrer l’humour en gestion : c’est l’objectif d’une nouvelle formation proposée par l’École nationale de l’humour (ÉNH) et l’École des dirigeants HEC Montréal, qui allient leurs forces pour la communauté d’affaires.

« Lorsqu’il est bien utilisé, les bénéfices de l’humour en milieu de travail sont incroyables. C’est un vecteur d’humanisation au service de la qualité relationnelle et de la qualité communicationnelle ».

- Louise Richer, directrice générale fondatrice de l’ÉNH

Pour savoir mettre cet outil au service de leur organisation, les gestionnaires doivent comprendre ses bénéfices, connaître leur profil humoristique et apprendre comment l’utiliser dans le bon contexte.

Ces compétences sont au cœur de la formation « Intégrez l’humour en gestion : une clé insoupçonnée du bien-être et de l’engagement ». Unique en son genre au Québec et même au Canada, elle est le fruit d’une collaboration inédite entre l’ÉNH et l’École des dirigeants HEC Montréal.

« Les habiletés interpersonnelles sont primordiales. Nous sommes fiers de compléter notre offre sur le leadership et le savoir-être avec cette formation qui met en avant une compétence très importante pour créer des milieux de travail valorisants et innovants. »

- Michelle Vaillancourt, directrice des communications et programmes de l'École des Dirigeants

Des bienfaits démontrés

« Depuis les années 1980, l’humour et la gestion, le leadership ou le milieu de travail sont sous la loupe des chercheurs. L’intérêt pour ces sujets croît de manière exponentielle à travers la planète ».

- Louise Richer

Ces études montrent les bénéfices de l’humour sur la créativité, la motivation, le bien-être organisationnel des employés et l’atmosphère positive du groupe. Une recherche menée en 2021 a également montré que les employés dont les dirigeants et dirigeantes utilisent l’humour perçoivent plus fréquemment des niveaux plus élevés de sécurité psychologique.

Les piliers de la culture d’entreprise ont été ébranlés par la pénurie de main d’œuvre, associée à des défis d’attraction et de rétention des talents, et l’évolution des motivations dans les générations récentes, observe par ailleurs Louise Richer. La pandémie a aussi démontré l’importance de l’informel dans les relations de travail. « Cela devient un enjeu aujourd’hui de réinjecter une forme de fluidité relationnelle », constate la directrice générale de l’ÉNH qui est régulièrement sollicitée par des organisations et des entreprises de profils variés pour des formations et des causeries sur la communication et l’humour afin de relever ces défis.

S'autoriser l'humour

Les gestionnaires doivent en premier lieu se donner le droit d’utiliser l’humour dans leur vie professionnelle. Mais « souvent, on associe à tort l’humour ou la clownerie à la non-performance », déplore François Rioux, entrepreneur et maître d’enseignement au département d’entrepreneuriat et innovation à HEC Montréal, qui coanime le programme avec Louise Richer et Benoît Pelletier, professeur en scénarisation à l’ÉNH, auteur, scénariste, réalisateur et formateur en entreprise.

Diplômé de l’ÉNH en 2004, François Rioux n’a cessé de constater les bienfaits de ses compétences humoristiques dans les salles de cours et dans les affaires, que ce soit pour recruter du personnel, effectuer des présentations ou des formations ou encore à l’occasion de rencontres de travail ou d'événements sociaux.

« Il faut déconstruire la croyance dissociant l’humour en entreprise de la performance ou des qualités de structure et d’organisation. Une fois que l’on a compris que l’humour sert le bien-être organisationnel, on peut marier tout cela et se donner les chances d’être extrêmement performant ».

- François Rioux, entrepreneur et maître d’enseignement, HEC Montréal

Connaître son profil humoristique

Tout le monde n’est peut-être pas né pour faire pleurer de rire ses auditeurs, mais n’importe quel gestionnaire peut faciliter l’humour dans son organisation. « L’humour c’est comme les biceps, nous en avons tous mais certains s'entraînent plus que d’autres », souligne François Rioux.

La première étape est de connaître son profil humoristique.

« Il existe des tests très simples sur l’identité et l’efficacité humoristiques. On peut très bien ne pas être un grand émetteur, mais encore faut-il être un bon récepteur dans l’acte d’humour. »

- Louise Richer

Savoir rire de soi-même, recevoir et valoriser l’humour dans son équipe sont des clés essentielles pour « le rire ensemble au service du vivre ensemble » selon une expression chère à la directrice générale.

Servir le bien-être

Au cours de la formation, Louise Richer, François Rioux et Benoît Pelletier partagent et font mettre en pratique des stratégies humoristiques pour permettre aux gestionnaires de faciliter l’intelligence émotionnelle et la sécurité psychologique en utilisant un humour bienveillant appelé « affiliatif », qui facilite les relations interpersonnelles.

« Il ne s’agit pas d’humour à tout prix, mais pour servir le bien-être, voire l’engagement en milieu de travail », explique Louise Richer. L’autorégulation et l’acceptabilité, des notions qui mobilisent des capacités d’observation, de discernement et de filtrage, doivent être maîtrisées pour que l’humour soit constructif et crée de l’inclusion, et non l’inverse.

Un humour responsable

« On dit souvent que le rire ou l’humour est le plus court chemin entre deux personnes, mais il faut respirer l’air ambiant de la société et comprendre les sensibilités actuelles ».

- Louise Richer

L’émetteur ou l’émettrice doit se responsabiliser en prenant en compte le mouvement #metoo et la diversité culturelle ou de genre par exemple.

L’intention humoristique doit être suffisamment claire pour que les récepteurs et réceptrices aient les clés pour la comprendre. « Il faut aussi être capable de voir les limites des uns et des autres », explique la directrice générale. L’écoute, l’empathie et plus généralement l’intelligence émotionnelle, sont des compétences essentielles à développer car « les informations collectées sur les autres permettent de rebondir dans les contextes appropriés », explique François Rioux.

Bien se préparer

S’ils laissent parfois place à l’improvisation, les plus grands humoristes travaillent minutieusement leurs gags. En gestion aussi, l’humour préparé a toute sa place. « Lorsqu’on fait une présentation, que l’on envoie un courriel ou une communication à ses employés, on peut prendre le temps d’y intégrer des éléments humoristiques », conseille François Rioux.

La fondatrice de l’ÉNH a animé dans un grand centre hospitalier montréalais des ateliers sur les communications écrites.

« Les messages d’absence pour congés personnalisés se sont répandus avec beaucoup d’humour ensuite! En se les appropriant, les participants et participantes ont humanisé leurs échanges et ont offert aux destinataires de leurs messages une respiration ».

- Louise Richer

Ces moments de recharge qui génèrent un sourire et des émotions positives, aident à dénouer les états de tension et à surmonter les situations de stress, souligne celle pour qui l’humour « injecte de la lumière » dans toutes les situations.

A l’issue des deux journées de la formation :

« les participants et participantes comprendront l’étendue de tous les bénéfices que l’humour peut apporter en gestion. Chacun repartira avec des outils concrets pour intégrer l’humour dans leur quotidien professionnel. »

- François Rioux

Préparée avec rigueur, cette formation innovante leur laissera certainement aussi le sourire aux lèvres.