Certification en gestion stratégique et leadership

15 octobre 2025

Alors que l’entrepreneuriat est souvent perçu comme un cheminement solitaire et semé d’embûches, plusieurs voix rappellent aujourd’hui l’importance des écosystèmes de soutien, du mentorat et de l’accès au financement pour transformer les rêves en organisations florissantes.

C’est dans ce contexte qu’a été lancée, le 25 septembre 2025, la certification en gestion stratégique et leadership, conçue pour les dirigeantes et dirigeants issus des communautés noires. L’événement, marqué par un cocktail de réseautage et un panel animé par Wils Théagène, codirecteur pédagogique du programme, a réuni 3 panélistes au parcours impressionnant : Frank Baylis, président du conseil de Baylis Medical Technologies, Tara Akhavan, PDG de la start-up AI4Eyes, et Ken McCracken, associé chez Citadelle Capital. Tous ont transmis leur vision et leur expérience autour d’un thème évocateur : « La recette gagnante pour bâtir des entreprises à succès ».

Une histoire d’amitié devenue projet

La genèse de cette nouvelle certification s’ancre dans une amitié de longue date. Wils Théagène et Éric Deschênes se sont rencontrés au cégep, où ils ont noué un lien fort lors d’un voyage de canot-camping. « Dès le départ, j’ai été frappé par son intelligence, sa générosité et sa profondeur humaine », a raconté Wils Théagène.

Les années ont passé, chacun a suivi son parcours professionnel, mais le fil n’a jamais été rompu. Lorsqu’Éric Deschênes a découvert un article du Devoir sur le fonds d’investissement créé par Wils Théagène, il l’a recontacté. « La chimie était toujours là », se souvient-il.

De ces retrouvailles est née une réflexion : comment créer un modèle qui permet aux entrepreneures et entrepreneurs des communautés noires d’accéder au capital, à un accompagnement de haut niveau et à des réseaux solides? « En partageant cette vision avec Éric, nous avons eu l’idée de nous asseoir avec l’équipe de l’École des dirigeantes et dirigeants, et c’est ainsi que ce projet a pris forme », a expliqué Wils Théagène.

Une fierté collective

La soirée a commencé par un mot de bienvenue de la nouvelle direction de l’École des dirigeantes et dirigeants HEC Montréal, Dominique Anglade et Luciano Barin Cruz, mentionnant l’importance de cette certification pour le milieu entrepreneurial québécois. « Le sentiment qui m’habite ce soir, c’est la fierté, a affirmé Dominique Anglade. Fierté de voir un projet imaginé sur papier se concrétiser grâce à l’agilité de l’équipe, de l’École et de ses partenaires. Cette agilité, on en a besoin, et j’espère qu’elle inspirera beaucoup de personnes. »

Luciano Barin Cruz a insisté sur la mission fondamentale de l’établissement : « Nous générons de la connaissance, mais celle-ci doit être appliquée pour avoir un sens. Ce programme repose sur 2 messages clés, soit la rigueur pédagogique et l’incidence réelle sur la vie des entrepreneurs et de leurs communautés. »

Certification en gestion stratégique et leadership

Frank Baylis : l’innovation au service des patientes et patients

Par la suite, Frank Baylis a raconté l’évolution de Baylis Medical Technologies, une entreprise familiale devenue une leader internationale en cardiologie interventionnelle. « Chaque minute, quelque part dans le monde, un patient est soigné grâce à un produit que nous avons développé », a-t-il souligné.
Pour lui, l’entrepreneuriat ne se résume pas à la rentabilité : « Oui, nous avons généré des revenus importants, mais ce qui compte le plus, ce qui donne du sens au travail d’un entrepreneur, c’est l’incidence sur la vie de millions de personnes. »

Il a aussi rappelé que derrière chaque bon coup se cache une part d’échec : « Tout ce que nous avons touché n’a pas été un succès. Mais c’est en apprenant de nos erreurs que nous avons bâti nos plus grandes réussites. »

Tara Akhavan : la résilience comme moteur

Originaire de l’Iran, Tara Akhavan a insisté sur la résilience comme ingrédient essentiel de l’entrepreneuriat : « Grandir dans un environnement marqué par la guerre forge une capacité de rebondir qui devient une seconde nature. Quand on migre 2 fois avec presque rien [en Autriche, puis au Canada], on apprend à recommencer à zéro, avec optimisme et persévérance. »

Entrepreneure en série, elle a déjà fondé 3 start-ups, dont la plus récente, AI4Eyes, révolutionne les soins oculaires par l’intelligence artificielle. « Être entrepreneure, c’est accepter l’ambiguïté, prendre des risques et rester positive quand tout indique que ça ne fonctionnera pas. C’est une expérience unique, exigeante, mais profondément enrichissante. »

Tara Akhavan a également souligné que le soutien est indispensable : « Ce n’est pas seulement une question de justice sociale. Appuyer les entrepreneurs issus de la diversité, c’est aussi créer de la valeur pour l’économie mondiale. »

Ken McCracken : concevoir une organisation pérenne

Pour Ken McCracken, qui a érigé et vendu une compagnie pharmaceutique avant de se joindre à Citadelle Capital, la clé réside dans la discipline et la vision : « Le plus grand succès d’un entrepreneur, ce n’est pas seulement de générer des profits, mais de bâtir une organisation qui survit à son fondateur. Il faut créer une entité capable d’exister par elle-même, indépendante et pérenne. »

Les autres clés, selon lui? « D’abord, de connaître le potentiel de son entreprise et de concevoir un plan stratégique réaliste. Ensuite, d’avancer par étapes, avec 2 ou 3 initiatives par année, pas plus. On doit aussi attirer et retenir les bonnes personnes, maîtriser ses finances et instaurer une culture de reddition de comptes. Peu importe le stade de votre entreprise, l’essentiel est de mesurer vos progrès et de rester fidèle à votre vision, même en ajustant le plan. La persévérance est le moteur de la réussite. »

Certification en gestion stratégique et leadership

Un nouveau chapitre pour l’entrepreneuriat québécois

Au-delà des témoignages individuels, les panélistes ont insisté sur l’importance d’un environnement propice à l’innovation. L’accès au financement, le mentorat et les réseaux d’affaires sont autant de leviers pour transformer des projets prometteurs en réussites durables.

« Créer des organisations de grande taille, dirigées par des entrepreneurs issus de la diversité, c’est aussi diversifier l’économie du Québec et combler les écarts de richesse », a rappelé Wils Théagène.

Le lancement de la certification en gestion stratégique et leadership ne représente donc pas seulement une nouvelle offre de formation : il s’inscrit dans une démarche plus large de soutien à la relève entrepreneuriale et de transformation de l’écosystème.

« Ce n’est que le début », a conclu Dominique Anglade. De fait, cette initiative pourrait devenir un tremplin pour de nombreuses personnes entrepreneures québécoises désirant bâtir des organisations solides, innovantes et responsables.