Avant toute chose, il importe de définir le concept de bien-être au travail :
« Il réfère à la qualité de vie d’une personne lorsqu’elle travaille, affirme Mme Morin. Il concerne non seulement sa santé physique et mentale, mais aussi la qualité des relations qu’elle établit avec ses collaboratrices et collaborateurs, le management, la direction et la clientèle. Il s’agit d’un sentiment positif au sujet de son emploi et de son environnement qui pourrait se décrire comme un sentiment d’épanouissement et de réalisation. »
1- Assurer la santé et la sécurité du personnel
Les employeurs ont l’obligation d’assurer la santé et la sécurité physiques et mentales des travailleuses et travailleurs, dans le cadre de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. En effet, cette dernière a été révisée en 2022 et prend maintenant en compte les risques psychosociaux tels que les modes de supervision abusive ou le harcèlement moral.
Stimuler le bien-être au travail signifie donc en 1er lieu d’identifier les risques physiques et psychosociaux, de les corriger et de les contrôler régulièrement afin de prévenir des problèmes de santé.
2- Donner un sens au travail
Selon Estelle Morin, le bien-être au travail est une responsabilité partagée entre l’employeur, le personnel ainsi que le syndicat qui le représente, s’il y a lieu :
« Il y a une grande partie qui relève de soi-même. Outre nos habitudes de vie, nous avons des responsabilités par rapport à la nature des postes que nous choisissons et à notre façon d’affronter les enjeux et de surmonter les défis qui se posent à nous. Développer notre intelligence émotionnelle est une bonne manière de préserver notre santé et la qualité de nos relations professionnelles. »
Les gestionnaires ont, de leur côté, une énorme imputabilité :
« Contrairement à ce que plusieurs employeurs peuvent penser, le bien-être au travail ne se limite pas à offrir des espaces de repos, des salles d’entraînement, des cours en gestion du stress, des séances de massothérapie ou d’autres moyens pour compenser les tensions vécues au travail, évoque la professeure Morin. Il dépend d’abord et avant tout de l’organisation du travail, qui relève des responsabilités du management. Malheureusement, plusieurs employeurs semblent éviter d’examiner leur manière de gérer le travail, car cela remet en cause leurs pratiques. »
En somme, promouvoir le bien-être, c’est aussi organiser le travail pour qu’il ait du sens pour les personnes qui le font, qu’il soit utile et important, et qu’il donne des occasions d’apprentissage et de développement.
3- Consulter les équipes
Le management doit aussi prendre en considération 2 autres éléments primordiaux : donner une direction claire et inspirante et soutenir l’accomplissement du travail. Il faut donc expliquer les raisons des décisions adoptées et consulter le personnel pour avoir son avis sur la manière efficace d’effectuer ses tâches.
« On devrait notamment tenir compte de leurs opinions sur les politiques de flexibilité du temps et des lieux de travail, souligne Estelle Morin. Il s’agit de leur offrir la possibilité de trouver un meilleur équilibre et de sauvegarder leur énergie pour aspirer au bien-être. Mais le plus gros problème aujourd’hui, c’est que trop souvent les personnes concernées ne sont pas consultées. Celles-ci doivent se sentir impliquées et être partie prenante des décisions. »
4- Cultiver de bonnes relations au sein des équipes
La qualité des relations est aussi un facteur très important :
« Le management se doit de faciliter la collaboration pour assurer l’efficacité des équipes, confirme la professeure Morin, et cela suppose de gérer les tensions entre les personnes avant qu’elles ne dégénèrent en conflits. Ces derniers sont inévitables en raison des limites de nos capacités à communiquer; quand ils surviennent, cela démontre qu’il est temps de se dire les vraies choses et d’aborder des sujets délicats pour améliorer la qualité de nos relations. »
5- Développer ses compétences
Sentir qu’on a les compétences nécessaires pour effectuer le travail demandé contribue certainement au bien-être. Pour cela, il importe de veiller à offrir de la formation appropriée pour améliorer son efficacité au travail. Suivre une formation pour faire le plein de nouvelles connaissances est une bonne chose, particulièrement si les participantes et participants en choisissent une qui leur permettra de mettre en application les savoirs acquis dans leurs tâches quotidiennes dès la fin d’un programme.
En somme, vous avez votre rôle à jouer dans le bien-être au travail. Profitez du début de l’année, temps propice aux résolutions, pour passer à l’action et favoriser votre bien-être et celui de votre équipe!
Autres moyens clés pour promouvoir le bien-être au travail1
- Valoriser l’intégrité et la bienveillance.
- Encourager l’expérimentation et l’apprentissage.
- Développer la pratique réflexive.
- Recourir à l’humour.
- Avoir des objectifs clairs et engageants.
- Valoriser l’esprit d’équipe.
- Offrir du soutien organisationnel.
- Déléguer les pouvoirs.
- Gérer la charge de travail.
- Avoir des politiques de travail flexible et hybride.
- Régulariser les réunions de suivi des projets.
- Respecter les frontières entre la vie professionnelle et personnelle.
Pour aller plus loin
Évaluez votre niveau de bien-être en indiquant jusqu’à quel point les énoncés suivants reflètent votre pensée :
- Je suis intéressé(e) et engagé(e) dans mes activités quotidiennes.
- J’ai les capacités et les compétences pour faire les activités qui sont importantes pour moi.
- Je suis bien avec moi-même.
- Je contribue promptement au bonheur des autres.
- Les gens me respectent.
- Les personnes de mon entourage me soutiennent.
- Les relations que j’ai avec les autres sont enrichissantes.
- Je suis optimiste quant à mon avenir.
- Je mène une vie utile et pleine de sens.
Officevibe (essai gratuit de 3 mois possible) : plateforme permettant aux gestionnaires de prendre le pouls de leur équipe par des sondages éclairs, d’examiner et de discuter des résultats, de passer à l’action.
Healthy Minds @Work (en anglais seulement) : programme proposant au personnel des trucs pour être plus calme et concentré, développer des relations plus saines avec ses collègues, prendre du recul dans les interactions et donner plus de sens au travail.
Estelle Morin intervient dans le cadre des formations suivantes de l’École des dirigeants HEC Montréal :
Bien-être au travail et gestion du stress
Certification en développement organisationnel
Gérer les comportements toxiques au travail
L’essentiel en management
L’intelligence émotionnelle et l’exercice du leadership
L’intelligence émotionnelle et l’exercice du leadership – version 2 jours
L’intelligence émotionnelle et l’exercice du leadership : initiation
1 DIENER, Ed, Derrick WIRTZ, William TOV, Chu KIM-PRIETO, Dong-won CHOI, Shigehiro OISHI, et collab. (2010). « New well-being measures: Short scales to assess flourishing and positive and negative feelings », Social Indicators Research, vol. 97, no 2, p. 143-156.