Ce n’est plus à débattre, la créativité et l’innovation sont des facteurs essentiels au développement et à la performance de toute organisation. Mais elles ne viennent pas toujours sur commande. Le haut dirigeant doit s’appuyer sur un ensemble d’outils, de leviers et d’approches pour mener son bateau à bon bord et faciliter leur émergence auprès du personnel.
Le 1er conseil pour ce faire? Questionner le modèle d’affaires de son organisation. Mais comment sait-on que c’est le moment? Selon Laurent Simon, professeur à HEC Montréal ainsi que cofondateur et codirecteur de Mosaic, Pôle créativité et innovation, il est toujours temps de le questionner. Et la meilleure manière est d’utiliser le Business Model Canvas, connu à travers le monde.
« La grande force de cette approche, c’est qu’elle nous donne un miroir de ce qu’est l’organisation, souligne-t-il. C’est un modèle intégré qui permet d’identifier comment celle-ci produit de la valeur et qui mérite d’être considéré régulièrement, en particulier dans un contexte qui est de plus en plus complexe, dynamique et turbulent. Utilisée à bon escient, cette matrice devient une plateforme pour faire d’autres hypothèses et explorations. »
Cette espèce de 3e œil au-dessus de l’entreprise amène les dirigeants à se requestionner constamment : est-on à la bonne place, génère-t-on de la valeur et communiquons-nous adéquatement avec nos clients?
« C’est la bonne et la mauvaise conscience, exprime le professeur Simon, c’est un peu le Jiminy Cricket du stratège! Mais ce qui est important, c’est d’en tenir compte tout en ne s’enfermant pas dans des modèles qui risqueraient de ne pas être pertinents pour le marché, les clients, les usagers. »
Favoriser la créativité
Un 2e conseil pour penser autrement? Laurent Simon insiste sur le fait qu’on est rarement – sinon jamais – créatifs seuls. Selon lui, l’une des 1res conditions favorables à la créativité en entreprise, c’est l’ouverture à l’interne et vers l’externe.
« Il est important pour tout dirigeant de développer une perspective participative, de mobiliser les employés, de leur donner la parole, de travailler au-delà et en-deçà des silos, affirme-t-il. Et on a de plus en plus tendance à intégrer l’usager dans les modèles d’innovation. D’ailleurs, si on regarde l’univers de la santé, on peut se poser la question : qui est le meilleur expert de la douleur? C’est nécessairement le patient. »
Fait essentiel, pour favoriser la créativité, l’organisation doit être prête à recevoir les commentaires et offrir un espace pour les idées et le débat. « Il y a assurément une responsabilité du management dans l’émergence de la créativité, précise-t-il. Il y a des pratiques managériales, des outils et méthodes, mais la ressource rare reste de lui faire de la place et d’y investir du temps. »
Avec tout cela, est-ce que la créativité suffit à générer la croissance d’une entreprise? « Non, mais c’est un point de départ, conclut Laurent Simon. Après, le grand défi, c’est de réaliser qu’une idée, c’est le début d’un processus. Ça va supposer aussi de faire un effort de conversion de l’idée en hypothèse de valeur, et de mise à l’épreuve de cette dernière pour en tirer un modèle d’affaires. »
Si vous désirez augmenter votre capacité à maîtriser les leviers de création de valeur qui sont des incontournables dans la nouvelle mouvance du monde des affaires, découvrez le programme Ascension de l’École des dirigeants HEC Montréal, dont Laurent Simon est l’un des animateurs.